Après le jeu de rythme, le musô et le dungeon-crawler, "Persona 5" se tourne vers le tactical rpg avec le bien nommé "Persona 5 Tactica". On y retrouve les Voleurs fantômes en mauvaise posture, perdus dans une réalité inconnue et pourtant familière. Une nouvelle déclinaison de la série qui vise l’originalité et l’efficacité, mais cette formule a-t-elle tous les atouts pour convaincre ?
Tout d’abord, sachez que si vous n’avez pas joué à "Persona 5", cela ne vous empêchera pas d’apprécier ce Tactica. Vous passerez, certes, à côté de certaines références, mais connaître le principe de la série et des fameuses Personae suffit à raccrocher les wagons. L’histoire se déroule durant les événements de "Persona 5", peu avant la remise des diplômes de fin d’année. Joker et ses acolytes se voient tout à coup transportés dans un Royaume évoquant une version grotesque de la France du XVIIIème siècle. Ce dernier est sous le joug de la despotique reine Marie qui, grâce à son contrôle mental, a transformé toute la population en esclaves obéissants. Hélas, les Voleurs fantômes tombent dans ses griffes, et pendant qu'une partie de l’équipe succombe aux pouvoirs de Marie, l’autre est sauvée in extremis par Erina. La jeune femme représente le dernier espoir de la résistance et compte bien rallier Joker à sa cause. Ni une ni deux, l’affaire est dans le sac et le groupe se forme pour sauver les Voleurs fantômes et lutter contre la reine maléfique. En chemin, ils porteront secours à Toshiro Kasukabe, un homme du gouvernement et prétendant au poste de Premier ministre. Lui aussi s’est retrouvé projeté dans cette réalité et a perdu la plupart de ses souvenirs. Véritable ovni dans ce groupe constitué de jeunes rebelles, Toshiro va tout de même trouver sa place, en apportant au passage pas mal d’humour, notamment par son inimitable couardise. Ces visions opposées donnent lieu à des dialogues savoureux, où malgré les différences chacun parvient à apprendre de l’autre. Erina n’est pas en reste et porte sur ses épaules la lourde responsabilité de sauver tout un royaume. Niveau gameplay, "Persona 5 Tactica" opte pour une approche originale, loin de ce que propose un "Fire Emblem", un "Triangle Strategy" ou un "Disgaea", par exemple. Ici, vous ne disposez que de 3 unités sur le terrain, et en cas de KO, il est possible de piocher dans vos unités de réserve pour continuer le combat. Cette possibilité étant limité en fonction du niveau de difficulté choisi. Vous déplacerez vos personnages librement, dans la limite de leurs aires de mouvement, jusqu’à ce que vous ayez décidé de leurs actions. Cette souplesse est vraiment très bienvenue puisqu’elle permet d’ajuster le positionnement de son équipe, la clé de la victoire. Le positionnement est essentiel car lorsqu’un allié, ou un ennemi, se place derrière un obstacle, il bénéficie d’une couverture qui le protège contre les mises au sol. En revanche, il n'y a pas de système de contournement. À partir du moment où vous êtes à couvert, vous êtes protégé de toutes les attaques d’où qu’elles viennent.
Tactical ou Puzzle game ?
Le principe est simple : mettre les ennemis à découvert pour ensuite les mettre au sol et ainsi gagner une action supplémentaire. Grâce à cette nouvelle action, il est possible d’enchainer avec une Triple Menace. En effet, si un ennemi au sol se retrouve à l’intérieur du triangle formé par nos 3 personnages, on peut alors lancer cette attaque spéciale qui fera de gros dégâts sur toutes les unités adverses présentes dans cette zone. On comprend vite que la clé de la victoire réside sur un placement judicieux pour englober le plus d’ennemis possible dans l’aire d’effet de la Triple Menace. À ce titre, les Personae ne servent pas ici à exploiter une faiblesse liée à un élément (feu, foudre, glace, vent, etc.), mais à déplacer les ennemis pour les exposer. Les attaques de vent repoussent les ennemis quand celles de type psi les attirent à découvert. Le level design a aussi son importance, puisqu’il vous encourage à utiliser les hauteurs et des barils explosifs pour prendre l’avantage. Au final, le gameplay nous a beaucoup fait penser à "Into the Breach", avec cet aspect Puzzle game, où chaque action doit être mûrement réfléchie. Sauf que le jeu d’Altus est nettement moins difficile. "Persona 5 Tactica" s’adresse plutôt aux jeunes joueurs ou aux personnes découvrant le genre. La gestion de son équipe est aussi très simple. Vous avez juste à vous équiper d’une arme et dépenser vos points d’expérience dans un arbre de compétence pour gagner quelques bonus, avec la possibilité de laisser le jeu choisir pour nous si on le souhaite. En ce qui concerne les Personae, vous en gagnerez régulièrement et pourrez les fusionner entre elles pour en obtenir de plus puissantes. À la différence des autres opus, ici tous les personnages peuvent équiper une Personae secondaire pour obtenir de nouvelles compétences. La réalisation est très réussie et n’est pas sans rappeler "Mario + The Lapins Crétins: Kingdom Battle". Quel dommage que tous les efforts disparaissent après les deux premiers mondes. Alors que le début de l’aventure nous offre des niveaux bien pensés, avec un vrai cachet visuel, et des objectifs variés (atteindre la sortie le plus vite possible, escorter un PNJ, détruire un objet, etc.), tout s’effondre au troisième monde. On doit se contenter de plateformes génériques au-dessus du vide, d’objectifs basiques et d'ennemis recyclés. On se contentera donc de seulement 6 types de troupes adverses, ce qui nuit fatalement au plaisir de jeu. Ceci est d’autant plus rageant qu’au moment de la sortie Sega propose un DLC à 19,99 € pour enrichir le contenu du titre.
Avec son style Chibi, simple et efficace, "Persona 5 Tactica" tape dans l’oeil. L’ambiance est mignonne et colorée, contrastant avec la noirceur de certains passages. Les Personae de leur côté sont toujours aussi classes avec un style beaucoup plus mature, contrastant avec le reste.
Le titre est très accessible, mélangeant un aspect tactique et de puzzle, pour un gameplay finalement plus proche d’un "Into the Breach" que d’un "Triangle Strategy", ou un "Fire Emblem". Mais l’ensemble manque de difficulté et aussi d’efforts. Arrivé à peu près à mi-parcours, "Persona 5 Tactica" ne se renouvèle plus, laissant un goût amer en bouche.
Comptez entre 30 et 40 heures pour arriver au bout de l’aventure, avec en plus des quêtes annexes qui vous demanderont de vous creuser les méninges pour trouver les bons enchainements d’action menant à la solution. C’est ici que l’aspect puzzle game du jeu prend toute son essence.
On retrouve la bande-son très jazzy de la série, qui fonctionne à merveille dans cette ambiance cartoonesque. Les dialogues sont partiellement doublés, en japonais comme en anglais, et fonctionnent du tonnerre pour donner vie aux personnages.
"Persona 5 Tactica" conviendra aux fans de la série qui souhaitent découvrir une nouvelle aventure de leurs personnages favoris, ainsi qu’aux curieux voulant découvrir un astucieux mélange de tactical et de puzzle game. Le titre se révèle très accessible, idéal pour les plus jeunes ou les néophytes qui aspirent à découvrir le genre en douceur. Quel dommage que le titre s’essouffle si vite, brûlant ses cartouches trop rapidement en nous laissant sur notre faim.