Après 18 ans d'existence la série Tropico poursuit son petit bonhomme de chemin, mais change d’équipe de développement. Haemimont Games, qui s’était occupé des 3 précédents épisodes, laisse sa place au studio allemand Limbic Entertainment. Sur notre petite île tropicale El Presidente reste bien aux commandes et rempile pour un nouveau mandat dans la continuité des précédents volets… un peu trop peut-être. Direction les plages de sable chaud pour en avoir le cœur net !
Si vous n’êtes pas un habitué de la série, Tropico est un city builder nous proposant d’incarner un dictateur à la tête d’une île des Caraïbes. S’il vous est possible d’œuvrer pour la liberté d’expression et le bien être de vos citoyens, rien ne vous empêche de manipuler les votes, assassiner vos opposants et exploiter votre peuple. Mais vous devrez tout d’abord développer une solide économie, grâce aux divers élevages, aux plantations, aux mines et aux usines. Les choix sont très nombreux (cochons, crocodiles, lamas, blé, noix de coco, cacao, fer, pétrole, uranium, etc.) et au fil du temps vous accéderez à des chaines de production. Ainsi vous pourrez transformer vos rondins de bois en planches, pour ensuite construire des bateaux, ou bien produire des voitures grâce à du caoutchouc et à de l’acier, qui nécessitera quant à lui du fer et du charbon. Jouer la carte du tourisme est aussi une bonne option pour engranger de l’argent. Vous devrez dans ce cas éviter une trop forte pollution pour préserver le cadre idyllique de votre petit coin de paradis. Il vous faudra également satisfaire les revendications des factions peuplant l’île (capitalistes, communistes, militaires, etc.) et assurer de bonnes relations avec les puissances étrangères. Si le changement d’équipe de développement aurait été une bonne occasion de chambouler ce gameplay et marquer un tournant dans la série, il n’en est rien. Le studio Limbic Entertainment joue ici la carte de la sécurité, reprenant en grande partie les idées du 5ème volet tout en piochant un peu dans le 3ème. Nous retrouvons ainsi le système d’ère, qui débute durant la période coloniale, puis nous fait traverser successivement l’époque des guerres mondiales, la guerre froide et l'ère moderne. C’est aussi le retour du discours électoral et de la possibilité d’envoyer El Presidente visiter des bâtiments pour améliorer leur rendement. Certaines mécaniques ont été ajustées, voire supprimées. Adieu les phases d'exploration de l'île qui alourdissaient inutilement le gameplay. Fini aussi les directeurs et la dynastie de El Presidente. Du côté militaire, même si on ne contrôle toujours pas directement nos troupes, elles nous ont semblé un peu plus dégourdies que dans le précédent épisode. Le système de recherche est toujours présent, comme les améliorations et les modes de fonctionnement des bâtiments, ainsi que le choix de notre constitution et la signature des décrets. Autant dire que les fans retrouveront très vite leurs marques. Et c’est bien ça le souci, Tropico 6 donne plus l’impression d’être une grosse mise à jour du 5ème volet qu’une véritable suite.
Quoi de neuf sous le soleil ?
Si ce nouveau volet manque d’audace et se repose trop sur les acquis de la série, il propose tout de même plusieurs nouveautés bien senties. Tout d’abord, le terrain de jeu ne se contente plus d’une seule île, mais s’étend sur de petits archipels. Ainsi vous pourrez spécialiser chacun de vos îlots et facilement modeler la ville de vos rêves. Ensuite, le titre introduit un système de raids. Vous commencerez avec des pirates, puis des espions, des commandos, et enfin des hackers. En accumulant suffisamment de points de raid ils vous permettront de récupérer des ressources, dénicher des trésors, voire sauver des naufragés qui viendront grossir les rangs de vos citoyens. Vous pourrez même voler des monuments aux quatre coins du monde, comme la statue de la Liberté, le Taj Mahal, le colisée de Rome, la cathédrale Saint-Basile, la tour Eiffel et une dizaine d’autres. Ils gonfleront votre note touristique et surtout vous apporteront différents bonus : obtention automatique d’une éducation de type lycée pour vos citoyens, prévention des morts dues au manque de soins médicaux, amélioration de la vitesse des transports maritimes, augmentation de la durée de séjour des touristes et de leurs dépenses, etc. Autre nouveauté, le Négociant vous proposera diverses missions pour garnir votre compte en Suisse. Ensuite libre à vous de transformer cet argent en points de recherche, en points de raid, en plans de construction pas chers, ou tout simplement en argent tropiciens. Vous aurez également accès à des arrêts de bus, des téléphériques, des tunnels et des ponts pour faciliter les déplacements de votre population. Dommage que l’outil de création de routes reste le gros point noir de la série. Même s’il s’améliore un peu d’épisode en épisode, il demeure bien en dessous de celui d’un City Skylines par exemple. Il n’est donc pas rare de devoir détruire un tronçon de route pour répondre aux caprices de l’outil, ou de tâtonner plusieurs secondes en se demandant comment construire un pont digne de ce nom. Dans le même registre nous aurions aimé trouver un outil de terraformation pour aplanir le terrain et compenser les désagréments du réseau routier. Mais rien de tel ici, ce qui est d’autant plus frustrant que les bâtiments ne s’adaptent pas bien à la topographie. Malgré ce problème Tropico 6 offre une expérience très plaisante grâce à son ambiance unique, ses musiques entrainantes et son humour bon enfant. Le titre se révèle très riche, avec plus de 150 bâtiments et des tonnes d’options, mais aussi très accessible, grâce à son didacticiel en 5 chapitres qui vous apprendra toutes les ficelles du parfait petit dictateur. Vous trouverez également des tooltips à foison pour faciliter la prise en main. Les nouveaux venus seront donc aux anges et pourront rapidement se familiariser avec le gameplay. Le jeu propose une campagne constituée de 15 missions scénarisées, un mode bac à sable et multijoueur jusqu’à 4, en coopératif ou en versus. Cerise sur le Cuba libre, les bâtiments existent en plusieurs versions, histoire de varier un peu l’esthétique de vos îles.
S’il n’est pas à couper le souffle ce nouveau Tropico offre tout de même un joli spectacle et une bonne optimisation. Les différentes versions des bâtiments nous permettent de modeler l’esthétique de nos îles selon nos envies. En y ajoutant les différentes décorations, et monuments disponibles, on peut facilement donner un aspect unique à chacune de nos créations.
Tropico 6 reprend la base déjà très solide du cinquième volet, mais apporte assez peu de nouveautés. Le titre s’appuie sur plus de 150 bâtiments et ses ajustements de gameplay gomment certaines errances du précédent opus. Il en résulte une expérience riche et accessible, qui n’est entachée que par 2 points noirs : un outil de construction de route récalcitrant, ainsi que des demandes trop redondantes, et parfois complètement hors-sujet, des différentes factions de l’île.
Une fois de plus la série nous gratifie d’une ambiance musicale très entrainante, d’une bonne dose d’humour et d’un excellent doublage français. Non content d’être parfaitement exécuté ce dernier sait aussi s’adapter aux références françaises pour nous pondre des blagues qui font mouche.
Avec les 15 missions de sa campagne, son mode bac à sable et son multi jouable jusqu’à 4, ce nouveau Tropico a de quoi vous tenir scotché devant votre écran un bon moment. D’autant plus que vous aurez à votre disposition 30 cartes créées par les développeurs, ainsi qu’un générateur de cartes aléatoires, pour varier les plaisirs.
Si vous souhaitez découvrir la série vous pouvez foncer sur ce nouvel épisode les yeux fermés ! Vous découvrirez un jeu riche, original et drôle, avec en prime une localisation aux petits oignons ! En revanche, si vous connaissez déjà El Presidente et que vous avez arpenté les moindres recoins du 5ème volet vous risquez de vous ennuyer ferme, ce nouvel épisode ne vous offrira pas grand-chose de neuf à vous mettre sous la dent.