Amplitude fait un nouveau crochet par les étoiles avec Penumbra. Cette extension met à l'honneur le piratage informatique et introduit un système de camouflage, ainsi qu’une faction inédite, le Choeur ombral. Créée avec le concours de la communauté, cette race de créatures éthérées parcourt l’espace afin d’aider les plus démunis.
Pour Amplitude la formule est bien rodée. Chaque nouvelle extension est l’occasion d’enrichir leur 4X spatial d’une fonctionnalité majeure et d’une faction inédite dont nous tirons pleinement profit. Comme en témoigne « Endless Space 2 : Penumbra » qui nous permet de lancer des attaques informatiques et de monter sur nos vaisseaux des modules de camouflage. Mais la véritable épine dorsale de cette extension reste la faction du Chœur ombral, illustrant parfaitement les mécaniques mises en place. Explorant l’univers depuis des temps immémoriaux, le Chœur ombral observe discrètement les déboires de la galaxie. Préférant rester dans l’ombre, ces espions spectraux ont finalement décidé d’agir ! Accablés par la souffrance régnant à travers le cosmos, ils ont choisi de passer à l’action pour protéger les plus faibles. Cette faction résolument pacifiste est le fruit d’une création commune entre le studio français et sa communauté. Via 11 sondages les équipes d’Amplitude ont récolté les retours des joueurs pour façonner les origines de cette espèce, sa morphologie, ses vaisseaux, etc. Cette nouvelle faction n’est pas sans rappeler celle des Cultistes d’Endless Legend, elle aussi créée grâce aux fans. À l’instar des Cultistes, le Chœur ombral ne dispose que d’un seul système, mais peut étendre son influence grâce au piratage informatique. Il s'appuie également sur sa capacité de camouflage innée. De base, tous les vaisseaux du Chœur ombral disposent d’un module d’invisibilité, ce qui en fait la faction reine de l’exploration. En revanche, en début de partie, elle ne représente aucune menace militaire. Mais qu’importe la guerre quand on est axé sur la paix et la science ! Bien sûr, les autres factions peuvent aussi profiter des différents modules d'invisibilité pour s’infiltrer derrière les lignes ennemies. Il existe plusieurs niveaux d'invisibilité, que vous pourrez toujours contrer grâce à des modules de détection.
Nouvelles attaques de hacking
Le système du Chœur ombral est également camouflé, et il peut très bien le rester tout au long de la partie. De plus, en tant que faction cachée vous ne générerez aucune zone d’influence, mais ne subirez pas non plus la pression culturelle des autres empires. Vous ne disposerez d’aucun vaisseau de colonisation et votre seul moyen de vous développer sera en piratant d’autres systèmes stellaires pour y installer des sanctuaires. Pour ce faire, rien de plus simple ! Il suffit de passer en vue Scan et de déclencher une opération de piratage depuis l’un de vos systèmes. L’opération prend plus ou moins de temps en fonction de la distance de la cible, et au bout du compte plusieurs choix s’offrent à vous. Vous pouvez, par exemple, ouvrir une Backdoor, pour lancer de nouvelles attaques de hacking directement depuis ce point, placer un infiltré si le système visé a déjà été colonisé, ou bien créer un de ces fameux sanctuaires. Ce sont en réalité des têtes de pont dissimulées qui déploient des machines auto-réplicatrices afin d’alimenter l’économie du système mère. En clair, vous ne pourrez rien construire sur ces sanctuaires, ni les terraformer, ni y installer de gouverneur, mais ils vous enverront leurs ressources. À noter : vous pouvez construire des vaisseaux depuis votre système mère pour les faire apparaître directement dans n’importe lequel de vos sanctuaires. Eux aussi sont cachés. Il est même possible d’en construire sur des systèmes appartenant aux autres factions. Seul problème, un sanctuaire ne peut pas se développer seul de planète en planète dans un même système stellaire. Vous serez donc obligé de pirater à nouveau le système pour vous étendre sur ses autres planètes. Ainsi, si vous souhaitez vous installer loin de votre système mère, le mieux est de pirater deux systèmes côte à côte, puis de lancer des attaques informatiques depuis ces deux systèmes pour qu’ils se développent mutuellement. Autre petit souci : vous ne pouvez disposer que d’un seul gouverneur, celui de votre planète mère, ce qui contraint à placer les autres dans vos flottes. En contrepartie, le Chœur ombral peut représenter une véritable menace militaire en milieu de partie, avec ses flottes de héros pouvant traverser incognito les lignes pour frapper les systèmes les plus vulnérables. Le hacking aidant à la conquête d’un système stellaire, le Chœur ombral est parfaitement en mesure de lancer des attaques éclair dévastatrices, pour aussitôt disparaître.
Le Chœur ombral
Une fois un système conquis vous pouvez soit le purger (détruire ses défenses pour y établir un sanctuaire) soit recueillir vos agents préalablement infiltrés et repartir, soit le raser entièrement. La situation peut vite se compliquer si votre système mère se fait repérer. Heureusement, si vous avez été prévoyant, vous pouvez le transférer en lieu sûr et retourner dans l’ombre. Sinon, préparez-vous à vendre chèrement votre peau, car si votre système mère tombe, c’est le game over ! Au final, le Chœur ombral se révèle être une faction vraiment à part, qui ne joue presque pas au même jeu. Comme il est impossible de développer ses sanctuaires, la main-d’œuvre se trouve limitée, tout comme l’économie, qui ne peut pas bénéficier des filiales commerciales. On se concentre vraiment sur le piratage informatique qui constitue le cœur et l’âme de cette faction. Vous pouvez même récupérer vos agents infiltrés chez l’ennemi pour les transformer en « Ombres ombrales », une version améliorée de votre population de base rapportant le double de bonus ! En revanche, il est impossible de mixer votre population avec d’autres. Ces partis pris ne conviendront pas à tous les joueurs, car il faut aimer rester planqué, à focaliser son attention sur le hacking et à guetter une alliance favorable. Car bien choisir ses alliés ou, si nécessaire, contraindre les bonnes factions à vous rejoindre, peut s’avérer déterminant. Rien de tel que d’avoir des alliés accaparant l’attention de l’ennemi pendant qu’on agit dans l’ombre ! Pour en revenir au piratage informatique, toutes les factions y ont accès dès le début de la partie. Il s’agit d’une action gratuite, que vous pouvez coupler à l’utilisation de programmes aussi bien défensifs qu’offensifs. Ils vous permettent d’accélérer votre vitesse de piratage et de ralentir celui de vos adversaires. Chacun d’eux a un coût en « bande passante », ce qui limite leur usage. Ce qui est dommage, c’est le manque d’information concernant les chances de succès d’un piratage, ainsi que ses risques s’il est retracé. Ce manque de clarté nuit à l’immersion et à l’envie d’utiliser cette fonctionnalité. Du coup, si le Chœur ombral doit s’appuyer à 100% sur le hacking pour se développer, cela apparaît plus comme un gadget pour les autres factions. Un gadget, certes gratuit, qui peut s’avérer pratique, mais qui alourdit trop le gameplay pour ce qu’il rapporte. Et c’est là tout le problème de cette nouvelle extension qui avance à deux vitesses. Penumbra apporte un gameplay novateur, résonnant parfaitement avec la nouvelle faction, mais qui échoue à faire corps avec les autres. Peut-être aurait-il été préférable de créer deux versions distinctes du piratage informatique : une version avancée pour le Chœur ombral et une autre simplifiée pour les autres factions, voire de le réserver exclusivement au Chœur ombral.
Comme il est de coutume chez Amplitude, le design du Chœur ombral est très réussi ! Que ce soit ses vaisseaux ou ses héros, la nouvelle faction colle bien à l’univers du jeu tout en dégageant un charme propre.
Plus audacieux que ses prédécesseurs, ce DLC tente des partis pris risqués. Hélas, le pari n’est pas totalement remporté. Les mécaniques d’invisibilité et de détection sont bienvenues, mais le piratage informatique n’est qu’une demi-réussite. Si le Chœur ombral en tire pleinement profit, le hacking a trop tendance à alourdir le gameplay lorsqu’on incarne une autre faction.
La bande son est somptueuse ! Pleine de grâce et de puissance, elle nous plonge dans l’immensité de l’espace, rythmant nos nombreuses heures de jeu sans jamais devenir lassante.
Si vous adhérez à la philosophie du Chœur ombral, avec son gameplay si particulier, vous aurez de quoi vous occuper de longues heures durant. Mais ce style de jeu ne conviendra pas à tout le monde, d’autant plus que les subtilités du piratage sont loin d’être claires. L’expérience risque donc d’en lasser rapidement certains, tout en offrant aux autres des instants grisants, à orchestrer dans l’ombre l’ascension de son empire.
Si les précédentes extensions allaient globalement dans la même direction, Penumbra s’aventure en terre inconnue et prend des risques. Il en résulte un contenu singulièrement original qui, hélas, ne conviendra pas à tout le monde. Tout d’abord, même si le piratage informatique colle parfaitement au Chœur ombral, il s’avère bien moins plaisant à jouer lorsqu’on incarne les autres factions. De plus, le manque de clarté au regard des nouvelles mécaniques gâche un peu le plaisir. Pourtant, une fois apprivoisé le Chœur ombral réserve de belles heures de jeu avec son gamelpay tout en furtivité. Contrairement à Vaulters et Supremacy, Penumbra ne fera donc pas l’unanimité, mais conviendra aux joueurs recherchant une expérience à part.