Fils spirituel de Dugeon Keeper, War for the Overworld nous fait passer du côté obscur ! En tant qu’Underlord, entité malveillante aux immenses pouvoirs, créez votre donjon démoniaque et imposez votre domination pour devenir le maître ultime de l’Overworld !
Si vous avez la trentaine, ou si vous aimez les jeux rétro, vous vous souvenez peut-être de Dungeon Keeper, un jeu de stratégie et de gestion créé par Peter Molyneux en 1997. Toujours développée par Bullfrog et éditée par Electronic Arts, une suite parue en 1999 mais, depuis, pas grand-chose à se mettre sous la dent pour les fans de Horny et ses sbires. Heureusement, le studio Subterranean Games était bien décidé à changer ça ! Un projet Kickstarter vit donc le jour fin 2012 et sur les 200 000 euros demandés le studio en obtint plus de 300 000. Le résultat nous l’avons aujourd’hui avec ce War for the Overworld, et même si le titre n’est pas encore totalement terminé, il a déjà tous les atouts pour captiver les fans. Comme Dungeon Keeper, le jeu mélange gestion et stratégie. Les vieux de la vieille retrouveront vite leurs anciennes habitudes : creuser la terre, aménager diverses salles, recruter des sbires, ériger des défenses et mener l’assaut pour détruire le cœur du donjon adverse. Il faudra également pourvoir aux besoins de vos créatures, sans quoi elles finiront par se rebeller ou quitter votre donjon. Vous devrez leur fournir un endroit pour dormir, en leur construisant des repaires, de la nourriture, avec des abattoirs et des tavernes, mais aussi les payer pour leurs services. Il existe plusieurs façons d’amasser de l’or dans War for the Overworld. Vous en récolterez en minant des filons d’or dans un premier temps. Mais il faudra rapidement trouver une alternative en usant de sorts, de potions ou de rituels. Par exemple, avec le sort Argent Sanglant vous pourrez transformer vos prisonniers en statues d’or. Si vous avez de la chance, vous pourrez aussi tomber sur une mine d’or qui vous assurera une quantité illimitée de cette précieuse ressource. C’est en construisant différentes salles que vous attirerez vos sujets : les Fanatiques avec la bibliothèque, les Augres avec la garnison, les Vomitos avec la forge, etc. Il existe deux types de créatures (en plus des ouvriers), les sbires et les bêtes. Les premiers sont des serviteurs intelligents qui ont une double fonction. Ils sont à la fois combattants et travailleurs, chacun ayant sa spécialité. Par exemple, les Vomitos fabriquent dans leurs forges vos pièges et vos installations défensives. De leurs côtés, les Succubes convertissent vos prisonniers afin qu’ils rejoignent vos forces, tandis que les Shamans récupèrent l’énergie des créatures tombées au combat pour la transférer aux autres. Terminons ce rapide tour d’horizon des sbires par un élément essentiel de votre donjon : les Fanatiques. Tranquillement installés dans leurs bibliothèques, ils étudient leurs grimoires occultes pour vous faire gagner des points d’arcane. Vous pouvez alors investir ces points dans une des trois branches des Veines du Mal et ainsi déverrouiller de nouvelles salles, sorts, potions, rituels, etc. Lorsque vous trouvez un artefact, c’est également vos Fanatiques qui l’étudient pour vous permettre de vous en servir. Le second type de serviteurs, les bêtes, ne savent que se battre. Elles ne travaillent pas, mais ont moins de besoins à satisfaire que vos sbires. Elles ne vont pas à la taverne et n’ont pas besoin de repaire, puisqu’elles dorment directement dans leur antre (leur salle attitrée). Elles ne réclament pas d’argent non plus. En revanche, contrairement aux sbires qui tombent KO au combat et peuvent être récupérés par vos ouvriers pour ensuite être soignés dans leurs repaires, les bêtes meurent directement. Alors gardez bien un œil sur elles quand vous les envoyez faire la guerre.
Diaboliquement vôtre !
Car vous ne contrôlez pas directement vos créatures, mais vous les dirigez grâce à un système de drapeaux. Vous en avez plusieurs à votre disposition, qu’il vous suffit de planter pour que les créatures rattachées s’y rendent. Vous disposez d’un drapeau pour vos bêtes, un pour vos ouvriers, spectres, vampires…S’y ajoute un drapeau général pour contrôler l’ensemble de votre armée. Vous pouvez également créer vos propres drapeaux regroupant les créatures de votre choix. Sinon, rien ne vous empêche d’attraper directement vos serviteurs pour les lâcher sur n’importe quelle case que vous contrôlez. Comme devant un groupe d’ennemis se frayant un chemin dans votre donjon ou à proximité d’une fortification adverse. Avouons qu’au cœur de la mêlée l’action est souvent confuse. Ce qui n’est pas vraiment gênant, sauf quand il s’agit de cibler une créature avec un sort de soin. La magie, parlons-en ! Vous bénéficierez de sorts variés : Éclair, Invocation d’Ouvrier, Soin, Rappel (pour téléporter une de vos créatures chez vous), Prophétie (pour révéler une zone de la carte), etc. Certains pouvant être lancés n’importe où sur la carte et d’autres uniquement sur votre territoire. Vous accéderez également à des rituels incantés par vos Fanatiques (comme Fortification qui termine instantanément toutes vos défenses ou Invocation de Vampire) et à des potions préparées par vos Cinglés dans leurs laboratoires d’alchimie (des potions pour geler tout ce qui se trouve dans une zone ou pour booster vos créatures, par exemple). Niveau défense, vous disposez de canons, de lames rétractables, de pièges de glace et autres joyeusetés, mais aussi de plusieurs types de portes. Vous pouvez également construire des murs, des avant-postes, voire des portails occultes abritant des démons de feu. Bref, vous avez de quoi faire. Mais en plus de coûter de l’or, ces défenses scellent une partie de votre réserve de mana. Impossible donc d’en abuser en construisant des canons partout sur la carte. En arrivant au bout d’une des branches des Veines du Mal vous débloquerez une créature surpuissante, appelée Titan. Il en existe trois, une pour chaque branche, et on ne peut en invoquer qu’une seule à la foi. Quel que soit votre choix, chacune de ces créatures est un atout majeur pour remporter la partie ! Énorme bestiole capable de tout dévaster sur son passage, le Béhémoth ne fait pas dans la dentelle. Il régénère rapidement, cause la peur, bénéficie de bonus contre les défenses adverses, mais peut aussi projeter et assommer ses ennemis avec sa charge. De son côté, l’Archon est un mage immortel capable de ressusciter les morts pour lever en quelques instants une véritable armée. Cerise sur le gâteau : il augmente les capacités de combat de ses alliés. Enfin, l’Eternel, le moins puissant des trois Titans, ressemble à un élémentaire de pierre flottant au dessus du sol. Cette entité échappant aux lois de l’espace et du temps n’est pas aussi redoutable que ses deux compères, mais elle n’en demeure pas moins un très bon soutien. En effet, l’Eternel génère de la mana, confère un gros bonus de défense au cœur de votre donjon et augmente le moral des unités alliées. Une fois tout cela en main, il est très plaisant de tester différentes approches ! Comme miser sur une prison et le sort Argent Sanglant pour se remplir les poches. Ne reste plus qu’à ajouter quelques chambres de torture afin de convertir vos autres prisonniers et, ainsi, renforcer vos rangs avant de mener l’assaut. Vous pouvez aussi choisir le rituel Avarice, servant à créer rapidement de l’argent à partir de votre mana, pour ensuite dépenser votre pactole en construisant de vastes antres et des arènes pour vos bêtes. Sinon pourquoi ne pas opter pour l’alchimie et les garnisons ? Grâce à l’alchimie vous transformerez de vulgaires cases de terre en or. Pratique pour se faire de l’argent facilement, mais cela vous pousse à creuser et à vous étendre sur la carte. Autant en profiter pour prendre une position avantageuse. C’est là que les garnisons entrent en jeu ! Elles vous permettront de sécuriser vos points stratégiques en renforçant toutes les défenses alentour. Vous pourrez ainsi contenir l’avancée de votre adversaire et prendre un avantage décisif. War for the Overworld propose un mode campagne servant d’énorme didacticiel, des escarmouches en solo ou en multi, ainsi qu’un mode bac à sable. Enfin, le jeu dispose d’un mode Survie, proche d’un Tower Defense, qui est encore au stade de prototype. D’autres points restent à améliorer, comme le nombre de cartes disponibles. Le titre n’en compte que 3 pour l’instant et seulement en 1 contre 1. Heureusement, les équipes de Subterranean Games semblent réactives et on peut espérer voir arriver prochainement de nouvelles cartes se jouant jusqu’à 4.
Les graphismes de War for the Overworld n’en mettent pas plein la vue, mais se révèlent largement suffisants (d’autant plus que c’est la vue éloignée qui est utilisée la majorité du temps). Même s’il n’est pas époustouflant, le titre offre une ambiance attachante, très proche de l’atmosphère de Dungeon Keeper.
War for the Overworld s’inspire grandement de Dungeon Keeper. Les anciens joueurs trouveront rapidement leurs marques dans ce jeu de gestion/stratégie orienté avant tout vers le combat. Les autres découvriront, au travers de la campagne, les mécaniques d’un gamelpay riche et bien ficelé.
Bonne nouvelle pour les fans de la première heure : la voix principale est assurée par Richard Ridings. Il interprétait déjà la voix de votre mentor dans Dungeon Keeper et c’est un vrai plaisir de le retrouver ici ! Il nous sert des dialogues savoureux avec une bonne dose d’humour noir. Les autres voix et bruitages ne sont pas en reste. Seule la musique demeure trop en retrait.
Pour l’heure, le jeu propose une durée de vie correcte, avec une campagne qui se termine en une petite dizaine d’heures, un mode Survie et des escarmouches. Dommage que le nombre limité de cartes ne joue pas en sa faveur. Espérons qu’une mise à jour remédiant à cela arrive bientôt.
Peter Molyneux lui-même a soutenu le projet et on comprend pourquoi. War for the Overworld est le digne successeur de Dungeon Keeper ! Le jeu offre un excellent mélange de gestion et de stratégie, le tout enrobé d’humour noir. On peut lui reprocher d’être très (trop) proche de son aîné, mais ça fait tellement longtemps que les fans attendent un jeu de cette trempe qu’il serait dommage de bouder son plaisir. Reste malgré tout plusieurs points à améliorer, à commencer par le mode Survie et le nombre trop restreint de cartes.