Développé par People Can Fly et non par Epic Games, ce nouvel opus de la saga GOW met sous les feux de la rampe Damon Baird, un des seconds couteaux de la trilogie. Exit donc le traditionnel Marcus Fenix, dans cet épisode qui est bien décidé à chambouler les habitudes des fans.
Gears of War Judgment se déroule quinze ans avant le premier épisode de la série. Précisément trente jours après l’Emergence Day, le jour qu'ont choisi les Locustes pour sortir à la surface de Sera et attaquer les Humains. Le titre s'ouvre sur Baird en fâcheuse posture, menottes aux poignets, accompagné de Cole, et de deux petits nouveaux, Garron Paduk et Sofia Hendrick. Les quatre soldats sont jugés pour haute trahison et doivent donner leur version des faits pour sauver leur peau. Nous sommes loin ici des héros de la CGU portant l'espoir de la race humaine sur leurs épaules ! Le scénario nous fait donc vivre ces témoignages et en profite pour ajouter un système de défi assez original : les missions déclassifiées. Le principe est simple : vous rencontrez dans chaque niveau l'emblème des Gears afin de décider si vous souhaitez révéler certains détails à la cour. Préciserez-vous, par exemple, que vous avez rencontré une variété de Locuste particulièrement coriace ? Si c'est le cas, vous devrez effectivement affronter ces nouveaux ennemis. Si vous passez cela sous silence vous éviterez de nombreuses difficultés, mais vous récolterez moins de points bonus, et moins d'étoiles à la fin du niveau. Hors, comme le jeu est pensé pour le scoring et que ces étoiles vous permettront de débloquer la mini-campagne additionnelle, vous avez tout intérêt à relever ces défis. Le jeu est très prenant lors des premières heures, grâce à son dynamisme, son challenge, et aux missions déclassifiées qui apportent un peu de fraîcheur et de variété (temps limité pour terminer le niveau, armes imposées, visibilité réduite, destructions d'œufs de Serapèdes, etc.). Mais cela ne dure pas, puisque ces objectifs additionnels se révèlent finalement trop répétitifs. Heureusement, le jeu ne souffre d'aucun temps mort et se dote d'un atout de taille : le système S3 (Smart Spawn System) qui change les types de monstres d'une partie à l'autre afin d'éviter une trop grande lassitude. Cette campagne, conçue avant tout pour ceux qui recherchent de solides défis en coopération, manque hélas d'inspiration et plaira surtout aux amoureux de scoring.
Un multijoueur famélique
Le multi se résume au minimum et fait complètement l'impasse sur les exécutions. Vous retrouverez le mode Domination, qui vous demandera de capturer et de conserver 3 zones disséminées dans le niveau, ainsi que les modes Match à mort en équipe ou en chacun pour soi. Bizarrement, ces affrontements opposent uniquement des CGU à d'autres CGU, ce qui est vraiment regrettable. Pire encore, le titre ne propose que quatre cartes à se mettre sous la dent. Petit point positif tout de même, quand vous mourez vous n'avez jamais besoin de poireauter avant de repartir au combat, comme ça pouvait être le cas auparavant. Pour compléter ce maigre tableau, les équipes de People Can Fly nous ont tout de même gratifiés d'un mode bien sympa, l'Invasion. Vous devrez y protéger des bouchons de puits des attaques locustes. Deux bouchons et un générateur pour être précis. Trois chances d'arrêter l'invasion après quoi c'est à votre tour d'attaquer et à l'équipe adverse de défendre. L'originalité vient des classes CGU et des différents Locustes à incarner. Côté CGU, vous aurez quatre classes à votre disposition. L'Ingénieur, seul capable de réparer les fortifications défensives, le Soldat, armé d'un lance- grenades et pouvant faire apparaître des caisses de munitions, le Scout, doué pour grimper à des endroits clés et armé d'un fusil de précision, et enfin l'indispensable Médic. Gros regret : on ne peut plus construire de nouvelles défenses, seulement réparer celles déjà en place. Pour les Locustes, vous avez le choix parmi huit créatures : le Ticker, le Wretch, le Grenadier, le Kantus, le Mauler, le Serapède, le Corpser, et le Rager (petit nouveau qui peut devenir frénétique un court laps de temps). Autre déception, le mode Horde a disparu, laissant place au mode Survie, une variation d'Invasion où vous devrez repousser 10 vagues de Locustes. Enfin, sur le plan du gameplay, on peut également noter quelques changements. Vous ne pouvez plus porter que deux armes, la touche Y servant à passer rapidement de l'une à l'autre. Quant aux grenades, elles se lancent désormais avec LB et ne se collent plus aux murs. L'arsenal s'étoffe aussi de quelques nouveautés, comme le Breechshot, fusil redoutable à moyenne portée, ou la grenade soignante, bien utile lorsqu'il faut tenir une position.
Le jeu est très beau et reste fluide même quand ça pète de partout ! Vous pouvez aussi personnaliser votre héros préféré en gagnant, ou en achetant, toutes sortes de skins pour ses armes et ses armures. People Can Fly exploite parfaitement les capacités de la Xbox 360.
Le gameplay est solide, mais quelques changements mal venus viennent ternir le tableau. Comme avoir enlevé la possibilité de coller les grenades aux murs ! Rien de bien grave dans l'absolu, le jeu reste très efficace et plaisant à prendre en main.
La bande-son est toujours aussi efficace et on plonge sans retenue dans cette ambiance survoltée qui a fait de Gears of War n'une des meilleure série de la Xbox 360. Un vrai régal pour les oreilles !
Comptez une petite dizaine d'heures pour voir la fin de la campagne, segment bonus compris, ce qui n'est pas énorme. Au moins l'action est non stop et on ne s'ennuie pas. Le multijoueur, bien qu'avare en modes de jeu, a de quoi vous retenir malgré tout.
Gears of War Judgment n'est pas un mauvais jeu, loin de là, mais il arrive après l'excellent GOW 3. Clairement conçu pour des parties multi effrénées, ce volet risque de diviser la communauté des fans. Certains préféreront rester au troisième épisode quand d'autres, toujours en quête de scoring et d'action, y trouveront leur bonheur grâce à son challenge relevé.