Développé par Brace Yourself Games, le studio derrière Crypt of the NecroDancer, "Industries of Titan" est un city builder ambitieux mélangeant gestion, commerce et combat. Dans ce jeu cyberpunk où la morale est mise au placard il faut être prêt à tout, même à se salir les mains !
Le jeu nous propose de partir fonder notre corporation sur Titan, principal satellite de Saturne, grâce à l’appui du Conseil, qui loue des parcelles à des entrepreneurs ambitieux. Le jeu propose une campagne plutôt prenante et un mode bac à sable, que vous pouvez paramétrer à loisir pour jouer avec ou sans les rebelles et ainsi découvrir le titre à votre rythme. D’emblée, il impressionne par son ambiance captivante. Les graphismes, minimalistes mais impeccables, et l’ambiance sonore parfaitement adaptée, nous immergent totalement dans cet univers futuriste. Sans oublier les effets météo qui apportent aussi beaucoup de vie à l’ensemble. La prise en main est simple et efficace, grâce à un didacticiel rondement mené qui pose bien les bases du jeu et son cadre. Notez également que "Industries of Titan" est entièrement localisé en Français. Vous commencerez avec un simple QG et quelques employés, qui s’occuperont de toutes les basses besognes : construction, nettoyage, minage, transport de minerai, etc. Vous devrez préparer le terrain pour accueillir vos premiers citoyens qui seront la colonne vertébrale de votre économie.
La première étape consistera à scanner les ruines alentours pour dénicher des ressources. Il en existe 3 sortes différentes. Le minerai et les isotopes vous permettront de construire et d’améliorer vos bâtiments, tandis que les artefacts auront de multiples usages. C’est grâce à eux que vous pourrez faire avancer votre recherche scientifique pour obtenir de nombreux avantages. Ils vous permettront aussi de débloquer de nouvelles interactions en début de partie, comme l’accès à l’astroport. C’est aussi à l’aide des artefacts que vous pourrez nouer des relations avec l’ambassade du Conseil. Chaque seconde passée augmentera votre influence auprès du Conseil, ce qui vous permettra, entre autres, d’acheter de nouvelles parcelles pour agrandir votre territoire. L’influence vous servira également à convaincre les vaisseaux en transit à l’astroport de se poser chez vous. C'est ainsi que vous gagnerez des citoyens qui vous rapporteront des Crédits. Mais, avant de les accueillir, vous devrez équiper votre QG, ou une usine, pour pouvoir les loger. Car une des particularités de "Industries of Titan" réside dans la possibilité d’aménager l’intérieur de certains bâtiments. En vue intérieure, vous trouverez une grille que vous pourrez remplir avec différents éléments, à la façon d’un Tetris. Vous commencerez par des compartiments de stockage, ainsi que des installations pour produire de l'énergie et ensuite des modules d’habitation pour accueillir vos premiers citoyens. Il ne vous restera plus qu’à leur construire des cabines de conversion monétaire pour générer des Crédits.
Grâce aux artefacts, vous pourrez aussi transformer vos citoyens en employés et ainsi augmenter votre main d’œuvre. Mais il faudra que votre économie vous permette de les payer. Car si les employés ne dorment jamais et ne font jamais de pause, ils n’oublient pas non plus de réclamer leur chèque à la fin du mois. En plus de payer votre force ouvrière, les Crédits vous serviront à acheter de nouveaux plans de construction pour débloquer des bâtiments spécialisés, comme les résidences ou les générateurs. Si ces bâtiments peuvent être améliorés pour gagner en efficacité (en leur ajoutant un étage supplémentaire ou en les connectant pour faire fusionner 2 structures de même type), vous ne pourrez pas en revanche en visiter l’intérieur pour les aménager. De plus, une fois que vous les aurez tous débloqués vous n’aurez plus vraiment besoin de construire des usines. Inutile de créer des modules d’habitation, des générateurs ou des espaces de stockage, quand on peut directement construire des résidences, des centrales énergétiques ou des hangars. Une fois passées les premières heures, vos usines ne vous serviront plus qu’à une seule tâche, mais pas des moindres : la transformation de ressources. En effet, vous pourrez raffiner le minerai et les isotopes pour décupler leur valeur. Il s'agit d’une étape indispensable pour développer sa cité, mais quel dommage que les usines ne servent plus qu’à ça après la première phase de jeu.
Ma petite entreprise...
C’est notre première déception : la dimension construction façon Tetris est finalement assez anecdotique. En outre, il était question au lancement du projet d’établir des lignes de production, à l’image d’Anno ou Factorio. Mais force est de constater qu’il n'y a pas d’industries dans "Industries of Titan". Vous ne produirez rien et même la gestion de vos citoyens reste très basique. Il suffit d’éviter de les mettre dans des zones trop polluées, ou bruyantes, et voilà le tour est joué. Pas besoin de les nourrir ou de les divertir, vous pourrez juste leur construire des hôpitaux et des parcs. En revanche, il y a un élément qu’il faut hélas vite apprendre à gérer, ce sont les déchets. Ils s’accumulent à une vitesse folle et il faudra prendre rapidement le réflexe de les stocker dans un coin ou de les brûler grâce aux incinérateurs. Aucune des 2 solutions n’étant vraiment efficace, la gestion des déchets devient infernale dès que vous dépassez un certain stade de population. Car plus vous avez de déchets, et plus il vous faut d’ouvriers pour les transporter, donc de citoyens pour les payer, qui eux-mêmes génèrent toujours plus de déchets. La bonne surprise vient des ruines spéciales, qui une fois explorées et aménagées confèrent un bonus unique. Cet élément vient pimenter l’essor de notre cité en nous forçant à revoir notre développement pour profiter au maximum du bonus. Mais il reste tout à fait possible de raser ces ruines pour construire un bâtiment plus approprié. Une bonne idée pour amener quelques choix cornéliens et casser le train-train.
Le titre de Brace Yourself Games propose également une dimension tactique, avec des combats de vaisseaux. Car vous aurez régulièrement à vous frotter à des rebelles qui ont leurs propres bases sur la carte. Ils vous enverront, régulièrement, des astronefs pour détruire ce que vous avez durement construit. Heureusement, vous pourrez compter sur des tourelles de défense, ainsi que des vaisseaux de guerre. Car une fois que vous aurez débloqué votre chantier naval vous pourrez créer vos propres vaisseaux. Vous devrez d’abord choisir une coque, pour ensuite y installer les équipements nécessaires : moteurs, pods pour l’équipage, appareils respiratoires, boucliers et lasers. Il est dommage que les designs de la plupart des vaisseaux soient si contraignants et nous empêchent de pleinement profiter de l’espace disponible. Au final, on se sent souvent à l’étroit lorsqu’on aménage ses vaisseaux. Pendant un affrontement, les tirs de laser endommagent la coque du vaisseau, mais aussi l’intérieur. Concrètement, durant un combat vous pourrez viser l’intérieur du vaisseau de votre adversaire pour endommager des zones précises. Viserez-vous en priorité les armes ? Les équipements de survie de l’équipage ? Ou peut-être le générateur ?
Les combats ne nous ont pas totalement convaincus non plus. Les bases sont là, mais le manque d’armes et d’équipements différents nous fait vite tourner en rond. Au final, Les combats de vaisseaux se révèlent anecdotiques. Les groupes rebelles, bien qu'intéressants sur le papier, n'apportent pas grand-chose de plus qu'un désagrément mineur. Donc si "Industries of Titan" apparaît au premier abord comme un city builder futuriste assez solide et complet, il s’essouffle hélas bien trop vite. Trop d’éléments ont été abandonnés durant l’early access pour permettre au jeu de nous tenir en haleine et d’offrir des mécaniques poussées. Tout semble ici trop superficiel et les différentes briques de gameplay ont du mal à bien s’emboiter. Reste une ambiance vraiment soignée qui nous en met plein les yeux et les oreilles.
Brass Yourself Games nous propose ici un rendu voxel, avec de gros cubes style Lego, qui fonctionne très bien. Les décors jouent sur une palette de couleurs assez terne, rehaussée par de sublimes jeux de lumières issus de nos installations, ou d’excellents effets météo. Le tout crée une atmosphère particulièrement réussie malgré l’aspect minimaliste.
Là où on espérait une gestion complète et un système de production poussé, le titre n’offre hélas qu’une base solide sans vraiment rien construire dessus. L’extension de notre territoire et l’exploration des ruines fonctionnent bien, mais la gestion des citoyens est trop sommaire et aucun type d’industrie n’est réellement développé. L’aspect combat se révèle également plutôt anecdotique.
Avec sa campagne qui vous retiendra plusieurs dizaines d’heures et son mode bac à sable, Industries of Titan a de quoi vous retenir scotché devant votre écran. Cependant le manque de renouvellement dans le gameplay risque de gravement freiner les ardeurs.
L'ambiance sonore du titre colle parfaitement à cet univers cyberpunk mélangeant city-builder et stratégie ! Les musiques se révèlent tantôt mystérieuses et éthérées, tantôt dynamiques à souhait. Quant aux bruitages et aux dialogues, eux aussi nous immergent efficacement dans cette ambiance futuriste délétère.
"Industries of Titan" est un pur régal pour les yeux et les oreilles. Brace Yourself Games a vraiment assuré au niveau de l’ambiance du jeu ! En revanche, si l’idée de construire une ville dystopique dans un monde cyberpunk avait de quoi séduire, l’expérience tombe à l’eau. Le titre avait pourtant du potentiel ! Il promettait de développer l’infrastructure de notre cité, ses industries, ainsi que des loisirs et des services publiques, le tout agrémenté de combats. Mais, finalement, l’early access a dépouillé le titre de la plupart de ses ambitions. Il en reste une belle coquille, hélas bien vide. "Industries of Titan" demeure tout de même très plaisant à jouer durant les première heures, grâce à son gameplay accessible et ses mécaniques efficaces. Seulement voilà, après 5 à 6 heures de jeu on a la fâcheuse impression de tourner en rond, face à un gameplay qui ne sait pas se renouveler et ne fait qu’effleurer la surface de son potentiel.
