Adaptation du jeu de plateau de Games Worshop, « Mordheim : City of the Damned » nous plonge au cœur d’une ville infestée par le Chaos. Mélangeant gestion et tactique, le titre de Rogue Factor met vos talents à rude épreuve ! Prêt à visiter l’enfer ?
Située au nord-est de l’empire du Reikland, la cité de Mordheim était autrefois prospère et paisible. Un jour les habitants aperçurent dans le ciel une comète à deux queues, symbole du dieu guerrier Sigmar. Persuadés d’assister à l’arrivée de leur divinité, les foules convergèrent de tout l'Empire afin de préparer de grandes festivités. Mais ces réjouissances firent ressurgir les plus bas instincts des Reiklanders et, tel le courroux de Sigmar, la comète s’abattit sur la ville, ne laissant que ruines et désolation. Seul le monastère des Sœurs de Sigmar, Le Roc, fut épargné. Restées fidèles aux préceptes de leur dieu, les Sœurs parvinrent à sauver l'édifice situé en plein cœur de la ville grâce à leurs prières et leur dévotion. Alors que les quelques survivants hagards exploraient les vestiges encore fumant de leur ville, ils découvrirent d’étranges pierres vertes. Ils s’agissaient des restes de la comète qui s’était fragmentée en milliers d’éclats lors de l’impact. Ces pierres magiques pouvaient conférer d’incroyables pouvoirs, mais aussi apporter maladies et mutations. Les rumeurs ne tardèrent pas à circuler dans tout L’Empire. Très vite des bandes de mercenaires investirent la ville afin d’y trouver les fameuses pierres capables de leur accorder fortune et renommée. Mais mille dangers étaient tapis dans l’ombre, prêts à s’abattre sur les aventuriers les moins aguerris. Car la cité des damnés allait offrir plus souvent la mort que la gloire à ses visiteurs. Avant de faire vos premiers pas dans la ville la plus dangereuse du monde de Warhammer, vous devrez créer votre bande d’aventuriers, en commençant par choisir votre faction. Vous en aurez 5 à votre disposition, chacune ayant sa propre campagne et son propre style de jeu : les Mercenaires du Reikland, les Sœurs de Sigmar, les Possédés du Chaos, les Skavens et les Répurgateurs. Ensuite, à vous de constituer votre bande en recrutant un chef, un héros et des hommes de main (chaque bande disposant de 3 types de héros et de 2 types d’hommes de main différents). Une bande se compose de 3 à 15 membres que vous pourrez recruter ou renvoyer comme bon vous semble. Au fil de votre progression vous débloquerez également une unité particulièrement dangereuse, la brute. Comme son nom l’indique elle ne fait pas dans la dentelle, et en compter une au sein de sa bande est un atout non négligeable. Bien souvent imposante, comme l’ogre ou le rejeton du chaos, cette unité a, en revanche, bien du mal à se faufiler dans les passages étroits.
Aiguisez vos lames et enfilez vos armures !
Votre but principal sera d’explorer Mordheim pour récupérer des pierres magiques tout en mettant en déroute les bandes rivales. Chaque journée se divise en deux phases : une phase de gestion dans votre repaire et une phase de combat dans la ville. Dans votre repaire, vous pourrez inspecter vos aventuriers, les équiper, et les entrainer s’ils ont engrangé suffisamment de points d’expérience. En plus de faire évoluer leurs caractéristiques vous leur apprendrez également de nouvelles compétences, voire des sorts. Mais attention, vos braves petits soldats ne bossent pas à l’œil. Vous devrez donc les payer pour chaque mission, sans quoi ils finiront par déserter. Vous devrez également payer les soins des convalescents pour qu’ils puissent se rétablir. Vous pourrez visiter le magasin qui vous fournira en armes et armures, mais aussi en consommables de toutes sortes (potion de soin, décoction explosive, talisman, etc.). C’est aussi dans votre repaire que vous négocierez vos pierres magiques si durement gagnées. Vous trouverez 3 acheteurs potentiels. Tout d’abord votre faction, qui vous demandera régulièrement de lui livrer une certaine quantité de pierres magiques. Bien sûr, elle vous rétribuera pour chaque livraison mais vous aurez un temps limité pour accomplir cette tâche. Si vous échouez à satisfaire leurs exigences vous finirez par perdre leur confiance et la partie sera terminée. En réussissant les contrats vous gagnerez en réputation et obtiendrez certains bonus. Vous pourrez aussi traiter avec deux clans mineurs qui prendront ce que vous voudrez bien leur donner. Cela vous rapportera également de la réputation et un peu d’or pour arrondir vos fins de mois. Enfin, en consultant la carte de campagne vous accéderez aux missions. Elles sont classées en fonction de leur difficulté (normale, difficile, brutale, mortelle) et de la quantité de ressource à piller sur place. Si aucune mission proposée ne vous intéresse vous pourrez toujours envoyer des éclaireurs en dénicher de nouvelles contre quelques pièces d’or.
Quand on arrive en ville
Une fois votre mission choisie, il sera temps de vous aventurer dans la ville de tous les cauchemars. Si vous êtes un habitué de la série X-COM vous allez être dépaysé. Ici pas de vue du dessus ou de déplacements case par case. Non, Mordheim nous propose une vue à la troisième personne et des déplacements libres. Chaque personnage dispose d’un périmètre de déplacement dans lequel vous le ferez évoluer à votre guise. Cette approche très immersive permet de profiter pleinement de l’atmosphère malsaine et oppressante qui se dégage des ruines de la Cité des Damnés. On sent que le danger est partout, caché dans l’ombre des corps pendus aux fenêtres, ou derrière les murs recouverts de chairs corrompues par le Chaos. Seul problème, l’interaction avec le décor est parfois laborieuse. Car en plus de ramasser les pierres magiques et fouiller les ruines en quête d’équipements abandonnés, vous pourrez escalader certains murs et bondir depuis des corniches. Pour vous repérer dans les méandres de Mordheim vous aurez accès à une carte stratégique sur laquelle vous pourrez placer des marqueurs. Pratique ! Dommage que cette carte n’offre qu’une vue des toits des bâtiments et ne permet pas de passer d’un étage à l’autre. Cela aurait pourtant bien facilité la vie que de pouvoir visualiser chaque palier. De même, il manque certaines indications, comme la disposition des portes et les endroits où il est possible d’escalader. Autre différence par rapport à X-COM, il n’y a pas un tour de jeu par bande. En clair, vous ne ferez pas agir toute votre bande pour ensuite passer la main à votre adversaire. Ici, c’est l’initiative des personnages qui détermine l’ordre d’action. Vos héros disposent tous de 2 réserves de points, les points stratégiques et les points d’action. Les premiers servent pour les déplacements, les manœuvres d’escalade, mais aussi à recharger les armes à distance, à adopter une posture de combat, à détecter les pièges, etc. Les deuxièmes sont dédiés aux attaques au corps à corps et à distance, aux capacités spéciales, aux sorts et à tendre des embuscades. À vous de bien jongler avec tous ces éléments pour mettre en déroute la bande adverse et remporter la victoire. Car lorsqu’un membre d’une équipe est mis hors de combat le moral de toute la bande diminue. Passé un certain seuil, elle devra réussir un test de sang froid ou s’enfuir. Mais même les victoires ont un coût. Vos unités peuvent subir des blessures graves qui les handicaperont pour toujours. Sachez aussi qu’une unité tuée est perdue à jamais. La moindre erreur se paye au prix fort et le jeu ne dispose d’aucune sauvegarde manuelle, seulement d’une sauvegarde automatique. Vous ne pourrez donc pas revenir en arrière pour essayer une autre approche. Toute action est définitive. Et comme le jeu ne fait pas de cadeau, l’expérience peut s’avérer plutôt frustrante. Autant dire qu’il faut vous accrocher et accepter parfois de perdre un de vos meilleurs guerriers sur un moment de malchance. Heureusement en accomplissant diverses tâches (dépenser de l’or dans la boutique, progresser dans la campagne, enchainer les victoires, etc.) vous ferez progresser votre rang de Vétéran et débloquerez des avantages valables pour toutes vos bandes. Vous pourrez, par exemple, profiter de réductions dans la boutique, payer moins cher l’entretien de votre chef, ou encore gagner une petite chance de recevoir tous les jours une potion gratuite. Sinon, vous pourrez toujours jouer des escarmouches pour vous entrainer contre l’IA ou en multijoueur. Dommage qu’il n’y ait pas de bandes toutes prêtes. Vous n’aurez accès qu’à celles que vous aurez créées dans le mode campagne.
Sans être de haute volée, les graphismes du titre de Rogue Factor parviennent fort bien à retranscrire l’ambiance glauque et sinistre du jeu de plateau. Certains visages manquent de finesse, mais la plupart des modèles 3D sont réussis. Quant aux décors, sordides à souhait, ils rendent vraiment justice à la Cité des Damnés.
Le gameplay fonctionne à merveille et propose de nombreuses compétences et sorts pour personnaliser vos troupes. En revanche, armez-vous de patience et de sang-froid, le jeu est impitoyable et la moindre erreur risque de vous coûter cher. Si cette approche peut rebuter les néophytes, elle a l’avantage de renforcer l’immersion et l’intensité des parties.
La bande son nous immerge efficacement dans l’atmosphère sinistre de Mordheim. Que ce soit les musiques, les bruitages ou les voix, tout sonne juste. Les équipes de Rogue Factor ont fait du très bon travail en nous offrant une ambiance sonore fidèle à l’esprit de Warhammer.
Le jeu profite d’une durée de vie vraiment solide. Avec 5 factions à votre disposition, chacune ayant sa campagne, et les nombreuses possibilités d’évolution vous aurez de quoi passer des jours entiers devant votre écran. Le mode escarmouche, contre l’IA ou en mutlijoueur, complète l’expérience de jeu en permettant de s’entrainer ou de rejoindre des parties qui auront un réel impact sur votre bande.
Avec son cocktail de gestion et de tactique, saupoudré de RPG, « Mordheim : City of the Damned » offre une expérience digne du jeu de plateau de Games Worshop. L’ensemble fonctionne très bien, tant au niveau du gameplay que de l’atmosphère sordide qui se dégage des ruines de cette cité maudite. Le titre manque un peu de finition et de contenu, mais nul doute que des DLC viendront ajouter de nouvelles bandes, des équipements, des objets et autres joyeusetés. Au final, le seul véritable reproche que l’on peut faire au jeu c’est son parti pris radical. L’absence de sauvegarde manuelle risque de faire grincer des dents tant l’expérience peut parfois être frustrante. Ceux qui s’accrocheront malgré tout trouveront un jeu profond et extrêmement prenant.