Lancée en 2009, la série Borderlands a fait un bout de chemin chez les joueurs PC et consoles avec une formule simple: un FPS teinté de RPG promettant un arsenal gigantesque généré aléatoirement, le tout enrobé dans un univers post-apocalyptique à l’humour décapant. Deux ans après le deuxième épisode, Borderlands revient avec une autre itération, développée cette fois par 2K Australia (à qui l’on doit Bioshock 2). Est-elle malgré tout à la hauteur de ses grands-frères ?
L’histoire de « Borderlands : The Pre-sequel ! » s’insinue entre le premier et le second épisode. Après un long combat contre les héros du premier opus - Lilith, Mordecaï et Brick -, la gladiatrice Athena (vue dans un des DLC de « Borderlands ») se retrouve sur un peloton d'exécution. La guerrière a une chance de s’en sortir : raconter comment elle s’est retrouvée à travailler pour le Beau Jack, l’antagoniste délirant de « Borderlands 2 ». Ce retour dans le passé nous place aux commandes d’Athena ou l’un de ses compagnons : Wilhelm le tueur à gages, la justicière Nisha et… Fragtrap, un clone du robot loufoque Claptrap, modifié pour le combat, pour lequel le jeu vous fera confirmer plusieurs fois votre choix, tellement il semble venu de nulle part ! Nos joyeux drilles quittent la planète Pandora pour répondre à l’appel du Beau Jack, assailli sur sa base lunaire Helios par les soldats de Dahl et leur colonel, Zarpedon. Après maintes péripéties qui vous familiarisent avec les contrôles du jeu, vos avatars seront “livrés” sur la lune Elpis, en orbite autour de Pandora. Qui dit lune, dit gravité moindre que celle de leur planète d’origine, ce qui va s’avérer évidemment un point clé du gameplay.
Moonwalker
Une fois sur Elpis, c’est Janey Springs qui vous donnera vos premières quêtes et l’opportunité de vous frotter d’emblée avec les nouveautés de cet épisode : la gravité et l’oxygène. En effet, en raison de la faible pesanteur du satellite, à déploiement égal d’énergie, vos sauts seront plus importants que sur Pandora, et vous devrez constamment surveiller votre niveau d’oxygène pour ne pas suffoquer et perdre des points de vie. Deux composantes très liées, car désormais équipé d’un réservoir qui fait également office de propulseur d’oxygène, vous allez pouvoir contrôler vos sauts, planer légèrement, et également faire une attaque “rodéo” en appuyant sur le bouton pour « s’accroupir en l’air ». Les ennemis étant affectés par les mêmes changements, la plupart des pillards n’hésiteront pas à utiliser ces techniques contre vous. Prudence donc, même si la possibilité de les asphyxier en détruisant leur casque peut donner un avantage. Outre donner beaucoup de verticalité et de dynamique aux combats, tout cela influe également sur les niveaux qui sont construits plus en hauteur. Il est dommage qu’il n’y ait pas de réels changements pour les véhicules dont les contrôles restent pénibles, puisque leur mécanique n’a pas changé depuis les deux derniers opus. Côté personnages, le résultat se révèle mi-figue, mi-raisin. Athena manipule un bouclier qui absorbe les dégâts et qu’elle peut envoyer sur ses adversaires, Wilhelm prend le contrôle de drones pour mettre ses ennemis en difficulté, Nisha peut toucher sa cible sans la viser, et Fragtrap possède une compétence très spéciale nommée “Chasseur_de_l_Arche.EXE”. Son principe ? Générer aléatoirement des bonus (ou des malus !) en analysant la situation dans lequel il se trouve... Autant dire qu’il faut s’attendre à tout et surtout se préparer à rigoler un bon coup, surtout en jeu coopératif ! Dans l’ensemble, Fragtrap et Athéna restent les personnages les plus frais et intéressants à jouer pour cette campagne. Les deux autres n’enthousiasmeront pas plus que ça les aficionados de « Borderlands », pour lesquels ils seront “déjà vus”. Niveau flingues, les possibilités restent infinies, mais on déplore le manque de grandes nouveautés. En effet, même si les armes lasers font leur apparition, déclinées sous plusieurs formes (mitraillettes lasers, tirs en continu), on aurait voulu un peu plus pour ce troisième épisode.
Malgré des décors superbes et une direction artistique toujours particulière avec l’utilisation du cell-shading, on n’a pas l’impression d’avoir fait un grand bond en avant depuis deux ans. L’ensemble reste fluide, un super bon point pour la jouabilité, mais l’animation des personnages se fait vieillotte, et il arrive que quelques bugs et ralentissements ternissent le tout sans raison apparente.
L’introduction du couple gravité/oxygène donne un petit coup de frais au gameplay et du punch aux combats tout en permettant plusieurs approches. Hélas, seulement un type d’arme en plus pour cet épisode. On en demande davantage, ainsi que la révision du contrôle des véhicules, toujours aussi frustrant, mais également la variété des ennemis qui lasse au bout de quelques heures de jeu.
Toujours le grand Jesper Kyd (Hitman, Darksiders 2, Borderlands 1 & 2…) aux manettes de ce Borderlands. Les ambiances sont ici plus “spaces” et collent très bien au jeu. Dans les zones sans oxygène ni apesanteur, le son change et devient plus étouffé, on apprécie ce souci du détail.
Certes, « Borderlands : The Pre-sequel ! » vous prendra du temps, mais il reste assez mal rythmé. Les deux premières heures (de fait jusqu’à Concordia) restent mollassonnes et peuvent faire décrocher le joueur. Passé ce cap, l’accès aux véhicules et aux armes (dont certaines aussi rares que dangereuses) et la maîtrise des techniques dynamisent le tout. Et les quêtes deviennent plus intéressantes. Malgré tout, certaines missions annexes auraient mérité d’être plus fouillées, à défaut d’allonger artificiellement la durée de vie.
Un épisode de Borderlands qui explore des pistes de gameplay intéressantes, avec des combats dynamiques et une utilisation du couple oxygène/gravité bien trouvée mais, dans l’ensemble, la réalisation technique reste datée et les innovations peu nombreuses. On a davantage l’impression d’être en présence d’un DLC très bien fourni de Borderlands 2, plutôt que d’un nouvel épisode à part entière. Le jeu mérite tout de même qu’on s’y attarde pour en savoir un peu plus sur le scénario de la série, et tout simplement parce qu’on passe un très bon moment, mais peut-être à plus bas prix.