El Presidente reprend du service pour le cinquième volet de Tropico et il n’a pas perdu ses bonnes vieilles habitudes. Palmiers, sable chaud et pots de vin sont toujours au programme de cet épisode riche en nouveautés.
Sim City à la sauce république bananière, la série Tropico vous propose d’incarner un dictateur à la tête d’une île des Caraïbes. Libre à vous de manipuler les votes, de corrompre, voire d’assassiner, mais rien ne vous y oblige. Vous pouvez parfaitement œuvrer pour la démocratie et le bien- être de vos citoyens. De même, il est possible de développer le tourisme et l’écologie de votre petit coin de paradis ou, au contraire, d’opter pour l’industrialisation forcenée en multipliant les élevages, les plantations et les bâtiments de production. Ceux qui avaient montré du doigt le manque de prises de risque entre le troisième et le quatrième volet seront heureux de constater que ce nouvel épisode apporte des changements bien plus profonds. Certes, les bases du gameplay restent les mêmes. La nécessité de jongler entre les besoins de vos citoyens (travail, nourriture, logement, divertissement, etc.) et les revendications des factions est toujours là, comme l’humour inimitable de la série. Mais de nombreuses évolutions viennent chambouler nos habitudes. À commencer par l’introduction de 4 époques : Coloniale, Guerres Mondiales, Guerre Froide et enfin Temps Modernes. Ainsi, vous débuterez à l’époque coloniale en tant que gouverneur. Il vous faudra impérativement déclarer votre indépendance avant la fin de votre mandat. Heureusement, des missions permettent de le prolonger car, en cas d’échec, c’est le game over qui vous attend. Après cette première étape, les relations internationales évolueront et vous vous retrouverez face à l’Axe et aux Alliés durant l’époque des Guerres Mondiales, puis face aux USA et à l’URSS durant la Guerre Froide. Puis, viendront s’ajouter l’UE, la Chine, etc. En développant de bonnes relations avec une super-puissance vous obtiendrez des aides financières supplémentaires et de nouvelles options dans votre ambassade. En revanche, si vous n’êtes pas en bons termes préparez-vous à une invasion en guise de représailles. Vous pourrez aussi créer des routes commerciales pour exporter vos marchandises ou en importer. Elles auront un impact sur vos relations internationales (ainsi, en commerçant avec l’URSS vous perdrez des points de réputation auprès des USA) et vous permettront d’arrondir vos fin de mois ou de combler une carence de matière première. De nouvelles factions feront aussi leur apparition au fil des époques. Au départ, vous n’aurez à gérer que les royalistes et les rebelles. Ils seront ensuite remplacés par les militaristes, les religieux, les communistes et les capitalistes. Plus tard, s’ajouteront les écologistes et les industriels. Il devient alors très difficile de contenter tout le monde, d’autant plus que les moyens d’influencer les factions restent assez flous. Autre nouveauté, les points de recherche que vous générerez grâce à votre bibliothèque vous permettront de débloquer des bâtiments et des améliorations. De nouvelles innovations seront disponibles tout au long de la partie mais on peut regretter l’aspect très linéaire de cette évolution. En l’absence d’arbre technologique on se contente d’enchaîner les découvertes les unes après les autres.
Dictature à la carte
Vous devrez aussi ratifier votre constitution une fois que vous aurez déclaré votre indépendance et fait la recherche appropriée. Vous débuterez avec 3 domaines : droit de vote, religion et forces armées. Chacun de ces domaines offre 3 choix qui vous permettront d’orienter votre façon de gouverner. Par exemple, pour vos forces armées vous pourrez opter pour la conscription (et ainsi enrôler n’importe quel habitant), pour la milice (qui n’accepte que les habitants diplômés), ou pour l’armée professionnelle (plus efficace, mais plus coûteuse). Les catégories s’étofferont au fil des époques pour un total de 12 domaines constitutionnels. Combiné avec les bons vieux décrets qui sont toujours de la partie, le choix de votre constitution peut être déterminant. Dommage donc que les explications fournies soient des plus succinctes. Au rayon des nouveautés, on note également l’apparition des directeurs qui octroient à vos bâtiments toutes sortes de bonus en fonction de leur spécialité. Un financier augmentera les revenus de 5%, un général augmentera l’efficacité militaire, un altruiste augmentera le niveau de richesse des employés, etc. Sachez aussi qu’El Presidente n’est plus seul. Non, il a désormais une dynastie pour le soutenir ! Chaque membre donne un bonus global (pollution réduite, augmentation des aides étrangères, réduction sur le coût de construction de certains bâtiments, etc.) et peut être utilisé comme directeur ou envoyé sur une mission spéciale. Votre dynastie peut compter un maximum de 7 membres que vous pourrez renvoyer quand bon vous semble pour faire de la place aux nouveaux venus. Vous aurez également la possibilité de les améliorer avec l’argent de votre compte en Suisse. Une très bonne nouvelle puisque, auparavant, ce dernier ne servait qu’à faire grimper votre score en fin de partie. Désormais, il a une réelle utilité en jeu, ce qui redonne aussi de l’intérêt aux détournements de fonds. En revanche, El Presidente ne peut plus faire d’action (stopper une manifestation, accélérer une construction, etc.). En plus de la campagne, du didacticiel et du mode bac à sable, Tropico 5 introduit un mode multijoueur permettant à 4 joueurs de coopérer pour construire l’île de leur rêve. À l’inverse, vous pourrez aussi opter pour le mode versus et ainsi vous affronter pour la domination absolue. L’aspect tactique des affrontements est, en revanche, inexistant puisque vous ne contrôlez pas vos troupes. Si ces nouveautés font plaisir à voir, elles s’accompagnent hélas de multiples errances qui ternissent l’expérience de jeu. À commencer par un manque de clarté sur certains points, comme l’impact réel de l’amélioration d’un membre de votre dynastie ou la meilleure façon de gagner des points auprès d’une faction. Pourtant, le jeu se montre plutôt accessible dans l’ensemble, même pour les nouveaux venus. Le placement des routes, quant à lui, a été amélioré mais est encore loin d’être parfait. On déplore également la disparition de la prison et l’impossibilité d’aplanir le terrain. Enfin les combats automatiques ne feront pas l’unanimité, à cause d’une IA faiblarde et d’un nombre limité d’options.
Tropico 5 nous offre un spectacle des plus chatoyants avec ses splendides îles tropicales. Les environnements et les bâtiments flattent la rétine mais un zoom plus poussé aurait été préférable pour sélectionner facilement un citoyen en particulier.
Ce cinquième volet apporte à la solide base déjà présente de nombreuses nouveautés. Rien de révolutionnaire, mais ces différents changements font du bien à cette série qui commençait à s’encroûter dans sa routine.
Comme à son habitude la série nous offre un doublage d’une grande qualité et des musiques bien rythmées. Le tout enrobé de cet humour inimitable qui ne laissera personne indifférent.
Avec sa campagne, son mode bac à sable et son multi, Tropico 5 vous occupera de nombreuses heures. Les différentes façons de gouverner son île apportent aussi une bonne rejouabilité au titre.
Ce nouveau volet parvient à se renouveler tout en restant profond et accessible. Avec son ambiance drôle et entraînante, on ne peut que succomber à l’appel d’El Presidente. Certes, le titre n’est pas exempt de défauts et certains éléments ont disparu, mais le plaisir est bien là !